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juillet 29, 2022

La situation économique et financière des établissements de santé en 2020 (DREES juillet 2022)

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L’hôpital public revient timidement à l’équilibre budgétaire, les cliniques privées à but lucratif affichent un résultat net de 3%.

L’hôpital public, arrive tout juste à l’équilibre budgétaire. Comme on le voit (ligne noire), sur les 15 dernières années, l’hôpital public n’a été excédentaire qu’une fois. Le résultat financier (le coût de l’endettement) pèse lourdement sur sa situation.

 


 

 Évidemment, l’équilibre budgétaire n’est pas un but en soi. On voit ici que cela se paie en faiblesse de l’investissement (en baisse continument depuis 2009). On va voir à partir de l’année prochaine si les annonces du Ségur de la santé vont se retrouver dans les chiffres 



Autre indicateur inquiétant : le taux de vétusté des constructions (bâtiments) et des équipements (outil de travail au quotidien) qui ne cesse d’augmenter depuis 2010. En 2020, le taux de vétusté des équipements s’élève à plus de 80%.

 


Côté cliniques privées à but lucratif, le résultat net est positif (3%) et en hausse (de 0.9 point) proche à son maximum de 2014. Pendant que la crise du public focalise l’attention, le capital poursuit son développement.

 


La situation n’est cependant pas uniforme entre types d’établissement. Les cliniques de MCO affichent un résultat net de 2% tandis que les cliniques psychiatriques atteignent un résultat net de 7%. 

 


La dynamique d’investissement n’est pas plus vertueuse dans les cliniques qu'à l’hôpital public. L’effort d’investissement s’est effondré depuis 2006 passant de 10% à moins de 5% aujourd’hui. 

 

 

En conclusion, on pourrait rappeler que le financement de l'hôpital est beaucoup plus couteux par l'endettement que par la cotisation. Dans les années 1950/60, c'est la hausse du taux de cotisation qui permet de moderniser le système de santé, pas l'endettement.

Nicolas Da Silva

Économiste (Ass. prof.) - Université Paris 13 - CEPN Santé, sécurité sociale, capitalisme lafabrique.fr/la-bataille-deurlz.fr/f89E

  

septembre 17, 2017

L'enseignement sup - Propositions - Créativité - Liberté

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D'avance merci. 

 L'Université Liberté, un site de réflexions, analyses et de débats avant tout, je m'engage a aucun jugement, bonne lecture. Je vous convie à lire ce nouveau message. Des commentaires seraient souhaitables, notamment sur les posts référencés: à débattre, réflexions...Merci de vos lectures, et de vos analyses. 

Librement vôtre - Faisons ensemble la liberté, la Liberté fera le reste. 
Al,



Sommaire:

A) Bâtissons l’enseignement supérieur du XXIème siècle - Olivier Babeau - Erwann Tison - Loris Gaudin - Fondation Concorde

B) La créativité : "la compétence clé des années à venir", Anne Laure Sellier, lauréate du Prix de l'initiative pédagogique 2013 - Anne-Laure Sellier - HEC

C) Budget 2018 : 700 millions de plus pour l’enseignement supérieur - AFP - Les Échos

D) DAEU : l’autre voie d'accès vers l’enseignement supérieur - Aurélie Djavadi - L' Étudiant
 



A) Bâtissons l’enseignement supérieur du XXIème siècle
 
Juin 2017 : l'Enseignement supérieur semble toucher le fond. Malgré la qualité des enseignements et le courage des enseignants, tout ce que l'on retient ce sont les 90.000 jeunes qui sont encore sans affectation pour la rentrée prochaine.  

Les mesures phares que sont le tirage au sort et le contingentement des filières témoignent de la gestion à la petite semaine du précédent gouvernement. Nos universités méritent mieux. Face à une situation de massification des effectifs (+108% d'effectifs depuis 1980) et une désertification des filières professionnelles (-17% sur la même période) il est urgent de réformer l'Enseignement supérieur français, qui constitue encore aujourd'hui un avantage comparatif important pour notre pays, sans sortir les vieilles recettes à savoir la mise en place d'une sélection à l'entrée, ou l'augmentation des frais d'inscription. 

Le gouvernement a annoncé une réforme du premier cycle visant à supprimer APB et mettre en place des prérequis. Cette volonté réformatrice va dans le bon sens mais doit aller plus loin et s’étendre à tous les pans de l'Enseignement supérieur francais. 

La Fondation Concorde a ainsi réuni pendant huit mois une vingtaine d'experts universitaires issus de tous les horizons, dans le but de proposer une réforme en profondeur de notre ESR.
 
Articulé autour de 28 propositions, notre projet se veut ambitieux mais réaliste :  transformer l'accès au premier cycle en passant d'une logique de filière à une logique de parcours à la carte; doter l'université de nouveaux moyens financiers notamment grâce à la formation professionnelle; et proposer une gestion décentralisée de l'enseignement supérieur, afin que chaque établissement soit le plus à même de construire un projet pédagogique en cohérence avec son territoire. 

L'avenir de l'Enseignement supérieur français ne passe pas par son démantèlement mais bien par son optimisation pour tendre vers plus d'efficacité et plus de réussite à la fois pour les étudiants et pour les établissements.
 
Liste des propositions : 

1/ Instaurer des quotas à l’entrée des BTS et IUT.
2/ Instaurer une spécialisation progressive dès la première année.
3/ Instaurer une logique d’enseignements majeurs / mineurs.
4/ Communiquer sur les taux d’insertion professionnelle des filières.
5/ Ouvrir l’enseignement professionnel dès l’âge de 12 ans.
6/ Ouvrir l’apprentissage dès 14 ans.
7/ Approfondir le dispositif d’accès à l’apprentissage expérimenté par la région Ile-de-France.
8/ Régionaliser une partie des apprentissages effectués au sein des formations professionnelles.
9/ En effectuant une remise à plat totale du système de répartition des dotations aux établissements.
10/ Faire des universités l’acteur majeur de la formation professionnelle.
11/ Développer les Junior entreprises au sein des universités.
12/ Coupler la recherche fondamentale et la recherche appliquée.
13/ Développer les Fondations.
14/ Flécher le budget orientation du MEN vers le budget du MESRI.
15/ Entamer une réflexion sur la mise en place de PARC à la française pour développer un financement plus équitable de l’enseignement supérieur
16/ Former les enseignants aux TIC.
17/ Généraliser l’équipement informatique des Universités.
18/ Privilégier une pédagogie horizontale, interactive et dynamique.
19/ Changer les situations de travail et d’évaluation. 
20/ Inscrire toutes ces nouvelles compétences des étudiants dans des fiches RNCP.
21/ Profiter du numérique pour rénover la gestion des effectifs.
22/ Repenser la carte nationale des établissements d’enseignements supérieurs.
23/ Développer les conseils de perfectionnement locaux, en leur donnant un réel rôle décisionnaire.
24/ Inciter à l’innovation dans la carrière des enseignants chercheurs.
25/ Supprimer la qualification pour permettre le recrutement local des universités.
26/ Transformer le CNU pour laisser une totale liberté pédagogique aux établissements et aux chercheurs.
27/ Réorganiser les EPSCP pour faire face aux accréditations et à l’évaluation.
28/ Permettre aux établissements de se saisir de la démarche qualité.


Transformer les enseignements, diversifier les financements et moderniser les structures

Introduction
Ces 10 dernières années, deux grandes réformes des universités ont été mises en place : la LRU et la loi Fioraso. Toutes deux visaient à accentuer le processus d’autonomie des universités. Force est de constater que malgré ce mouvement, les universités n’ont jamais été aussi dépendante du Ministère, tant en termes de pédagogie et de recherche (HCERES, CNESER et CNU) qu’en terme de financement.
A cela s’ajoute une crise importante menaçant le modèle universitaire français : comment absorber une croissance annuelle des effectifs de 2% à budget constant ?
Les universités françaises doivent se rénover, pour pleinement rentrer dans ce nouveau siècle. C’est l’objet des propositions de la Fondation Concorde.

Contexte chiffres clés
Un système à l’efficacité relative
  • -  Le taux d’échec en première année est de 43,8%, et coûte 2 milliards €/ an1. La première cause de cet échec est l’orientation, 80% des étudiants jugent s’être trompés de formation.
  • -  Le taux de réussite des bacs professionnels en première année universitaire tend vers 2%.
  • -  En France, 2 millions de jeunes sont considérés comme des NEET (ni en formation, ni en stage, en étude, ni en emploi), dont 900.000 sans aucun diplôme.
  • -  Le taux de chômage des jeunes est passé de 15 à 25% depuis 1980, alors que dans le même temps, le nombre d’inscrits dans l’enseignement supérieur a bondi de 108%. La politique du tous à l’université ne transforme donc pas mécaniquement les diplômes en emploi.
Perception de l’ESR dans l’opinion publique (sondage Elabe FESIC mars 2017)
  • -  86% des Français jugent que les dépenses publiques d’enseignement supérieur sont un investissement justifié et utile pour la société.
  • -  92% des Français jugent que l’ESR est un sujet important à traiter dans le cadre du prochain quinquennat (20% le jugent prioritaire).
  • -  87% jugent que l’ESR est indispensable au développement de la recherche en France, 73% jugent que les formations dispensées sont de bonnes qualités.
  • -  Néanmoins, 61% jugent que le système ne prépare pas bien à l’entrée des étudiants dans la vie professionnelle, et 57% jugent que les formations proposées ne sont pas adaptées aux besoins du monde professionnel.
  • -  Seuls 7% jugent que la qualité de l’ESR s’est amélioré au cours des 10 dernières années.
1 Calculs : Fondation Concorde

Première partie : Réussir le défi de la massification de l’enseignement supérieur - Le rôle prépondérant d’une réelle politique d’orientation visant à « faire revenir les meilleurs étudiants à la fac »

Contexte chiffres clés
Une massification des effectifs
  • -  L’enseignement supérieur va connaître une massification importante dans les prochaines années : + 335.000 étudiants supplémentaires dans les 10 prochaines années (une croissance moyenne de 2%/ an).
  • -  A l’échelle mondiale, ce sont 200 millions d’étudiants supplémentaires d’ici 2030, dont 4,3 millions qui effectueront leurs études à l’étranger (=> possibilité pour la France de capter ce nouveau public).
  • -  Les effectifs dans le supérieur ont bondi de 108% depuis 1980.
  • -  La part de diplômés du supérieur est passée de 17.4% de la population en 2003, à 25,2% en 2014.
  • -  Massification ne signifie pas démocratisation: En 2014, 1.4% des étudiants sont fils
    d’agriculteurs, 10.8% sont enfants d’ouvriers et 30% sont enfants de cadres et professions libérales. En 2012 ses résultats étaient respectivement de 1.8%, 10.4% et 30.6%. Pour 2008, ces chiffres étaient de 1.9%, 10.2% et 31.3%2
L’apprentissage comme filière délaissée
  • -  Les effectifs dans l’enseignement professionnel ont diminué de 17,9%.
  • -  Il y a eu 28.1% de contrats d’apprentissage rompus en 2014 - 2015, contre 27% en 2011-2012, alors que le nombre total de contrats signés a baissé de 11.3% sur la période.
  • -  80% des contrats rompus le sont à cause d’une inadéquation entre les compétences
    attendues par l’entreprise et celle de l’étudiant.
  • -  Chaque année, 300.000 emplois son non pourvus et concernent principalement les métiers de la main. L’apprentissage peut donc palier partiellement au chômage des jeunes en leur offrant une formation.
2 Source : INSEE

La sélection comme mauvais palliatif.
La solution la plus souvent mise en avant pour lutter contre cette explosion des flux en première année est la mise en place d’une sélection à l’entrée. Juridiquement, l’accessibilité à la première année est garantie à tous les bacheliers par l’article L612-3 du code de l’éducation. Une nuance existe dans cet article permettant aux établissements de fixer des capacités d’accueil pour les primo entrants.

Chaque faculté peut donc effectuer un « tirage à sort » entre les postulants pour savoir qui aura droit ou non de poursuivre ses études chez elle. Cette pratique qui est particulièrement répandue en STAPS et en psychologie, a été étendue à toutes les filières par circulaire en avril 2017. Un choix qui va à l’encontre de toute logique pédagogique et du projet professionnel de l’étudiant. C’est ainsi qu’en août 2016, 62 3283 bacheliers se trouvaient encore sans affectation pour la rentrée, attendant d’être tirés au sort ou affectés dans une formation. Fin juillet 2017, ce sont 90.0 étudiants qui attendaient encore d’être affectés, rendant impossible leurs perspectives d’anticiper leur rentrée. 
 
Parallèlement à cela, lorsqu’un étudiant arrive à accéder à la filière de son choix, il sera confronté à l’échec dans 60% des cas. Un résultat qui s’élève à 98% pour les titulaires d’un baccalauréat professionnel. Selon les calculs de la Fondation Concorde, ce gâchis humain, cet échec en première année coûte chaque année 2 milliards d’euros à l’Etat (hors transferts sociaux et bourses), soit 9% du budget annuel de l’enseignement supérieur. Une sélection qui se fait aujourd’hui par l’échec, mais qui trouve ses racines dans l’orientation, 80% des étudiants jugent s’être trompés de choix d’orientation. 
 
Revoir le modèle universitaire.
L’organisation tubulaire des études en France, basée sur une spécialisation non progressive constitue un gap trop important entre le secondaire et le supérieur. Pour y remédier, nous proposons une nouvelle organisation des études supérieures. 

1/ Instaurer des quotas à l’entrée de BTS et IUT . Réserver entre 50% et 60% des effectifs aux bacheliers professionnels et technologiques. Aujourd’hui ces filières courtes qui ont vocation à garantir une insertion professionnelle rapide, sont trustées par les meilleurs bacheliers, qui y voient l’occasion d’y réaliser une « classe préparatoire universitaire ».
Ce changement permettra aux bacheliers ciblés souhaitant continuer leurs études dans le supérieur d’évoluer dans un environnement visant à une insertion professionnelle rapide, en adéquation avec leur profil et leurs aptitudes. Cette proposition va de pair avec une diversification des enseignements, en développant des compétences collant au mieux aux évolutions du marché du travail et à l’émergence de la nouvelle économie. 

2/ Instaurer une spécialisation progressive dès la première année 4. Aujourd’hui, un étudiant a le choix entre 33 filières post-bac en moyenne. Nous proposons de réduire ce choix à 4 grands domaines : droit-économie-gestion / santé / sciences et techniques / lettres langues et sciences humaines. L’étudiant choisira un parcours et évoluera au sein de celui-ci, pouvant choisir une spécialisation et une orientation active selon ses préférences.
Il s’agit de casser ici la logique de filière et de faculté5, pour réfléchir au niveau disciplinaire. Cette mutualisation des effectifs et des capacités d’accueil pourra permettre de réaliser des économies  d’échelles pour les établissements, et conférera aux étudiants un droit au tâtonnement où il ne sera plus obligé de choisir une voie spécifique et étroite lui interdisant toute erreur dans son orientation. Afin de faciliter la mise en place de cette transformation, l’instauration de prérequis entre le secondaire et le supérieur sera nécessaire pour que chaque étudiant entrant dans un nouveau cursus soit préparé au mieux à sa formation. 

3 Source : MESRI
4 Maquette type illustrative en annexe
5 Basé sur le modèle de semestre commun proposé par lARES





 
3/ Instaurer une logique d’enseignements majeurs / mineurs. La logique de Bologne a été mal appliquée en France, on s’est contenté de faire du LMD uniquement pour spécialiser les étudiants à la sortie de leur cursus. Il faut en finir avec cette logique tubulaire archaïque, en permettant à chaque étudiant de construire son propre parcours, pour qu’il soit en accord avec son projet professionnel.
Cette évolution permettra d’instaurer plus de flexibilité dans l’approche des parcours de formation, flexibilité pouvant répondre aux enjeux de mutations du marché du travail.
Concrètement, cela signifie qu’un étudiant souhaitant devenir économiste de la santé devra d’abord réaliser un Master 2 en économie, puis un parcours d’étude en santé. En instaurant une logique de 70% des enseignements comme étant imposés et 30% choisis, l’étudiant réalisera un parcours en économie, et en parallèle suivra des enseignements au sein d’un UFR de santé pour se spécialiser dans le domaine de son choix. Chaque étudiant aura ainsi un profil et un parcours différent, pour mieux répondre aux attentes du marché du travail. 

4/ Communiquer sur les taux d’insertion professionnelle des filières. La capacité d’un établissement d’insérer ses étudiants selon sa filière est un enjeu d’attractivité dans un environnement concurrentiel entre le privé et le public. Les performances d’insertion sont très différentes selon les filières. Exemple, 18 mois après l’obtention du diplôme, seule 44% des étudiants diplômés en psychologie sont en emploi stable. Ce résultat monte à 90%6 pour les étudiants en informatique. Ce résultat logique s’explique par la capacité du marché du travail à absorber ou non des compétences qui lui seront utiles.
La communication sur la plateforme APB7 en amont de l’inscription des taux d’insertion professionnelle par filière, ainsi que l’espérance de salaire lié au diplôme permettra aux bacheliers de s’orienter en connaissance de cause et de ne pas plonger dans une voie sans issue. Cela permettra ainsi de réguler les effectifs par filière en désengorgeant celles sous tension qui insèrent moins bien leurs étudiants. 

L’orientation pré bac comme base de la réforme pour désengorger les universités.
Pour améliorer et moderniser notre système, il convient d’en finir avec les politiques quantitatives dans l’enseignement supérieur. Cibler 60% d’une classe d’âge diplômée de l’enseignement supérieur est une politique coûteuse dont l’inefficacité est dangereuse.
La politique du « tous à l’université » ne transforme pas mécaniquement les diplômes en emploi, la preuve, depuis 1980 le nombre de diplômés dans l’enseignement supérieur a bondi de 108%, lorsque le taux de diplômés du professionnel a diminué de 17%8 sur la même période. Le résultat de ces politiques est sans appel, le taux de chômage des jeunes est passé de 15% à 25% des actifs de 15 à 24 ans. 

6 Enquête insertion du MESR 7 AdmissionPostBac
8
Source INSEE

Paradoxalement, former de plus en plus de diplômés du supérieur, délaisse les filières professionnelles et fait mécaniquement augmenter le nombre d’emplois non pourvus dans l’artisanat et les métiers manuels. Pour en finir avec cette politique quantitative dans le supérieur, sans augmenter le nombre de jeunes sans qualifications, il faut mieux ventiler les flux, et ce dès le collège. 

5/ Ouvrir l’enseignement professionnel dès l’âge de 12 ans. Aujourd’hui l’enseignement professionnel est associé à l’échec scolaire : si un élève de troisième ne dispose pas de résultats escomptés, il est envoyé en CAP ou BEP. Ce système ne prend pas en compte la volonté de l’élève ni sa vocation. Nous proposons de transformer le système actuel sur le modèle de la Hauptschule allemande, en instaurant des passerelles semestrielles. L’élève dont le profil correspondra se verra proposer dès la cinquième de poursuivre dans le professionnel. Là encore, la spécialisation sera progressive et ne se fera pas de manière brutale. Les différences entre le parcours professionnel et le parcours général devront être croissante avec l’avancée dans le cycle secondaire afin de garantir une porosité permettant aux élèves le souhaitant de basculer d’un parcours à l’autre. 

6/ Ouvrir l’apprentissage dès 14 ans au lieu de 16 ans. Pour accompagner la mesure précédente, il faudra permettre aux élèves de tester leurs acquis et leurs connaissances dès l’âge de 14 ans. Les 2 années de formation pratique supplémentaires permettront de disposer de professionnels plus efficaces et mieux former, tout en faisant naître des vocations plus solides.
La réforme de l’enseignement professionnel dès le collège permettra de revaloriser leur image et leur notoriété. Ainsi on sort de la logique voulant que seuls les moins bons élèves se retrouvent dans cet enseignement. Cette possibilité d’orientation plus précoce permettra de doter les élèves d’un projet professionnel personnalisé, et évitera qu’ils s’orientent dans des études généralistes uniquement par sécurité et facilité. 

Sécuriser les parcours d’apprentissage
L’apprentissage et l’enseignement professionnel sont des enjeux majeurs pour notre pays. En plus de permettre de mieux ventiler les flux dans l’enseignement supérieur en permettant aux élèves d’explorer une voie professionnalisante et porteuse d’emploi, cela permettra également de résorber une partie du chômage des jeunes en comblant une partie des emplois non occupés sur le marché du travail. Néanmoins, il faut sécuriser les parcours d’apprentissage, car lorsqu’un jeune fait le choix d’opter pour un contrat d’apprentissage, dans 22,7% des cas il sera rompu de manière prématurée. Ce taux de rupture particulièrement élevé est un réel problème. Il est le fruit d’un manque de suivi de la part des établissements scolaires et professionnels, et d’une inadéquation entre les attentes de l’entreprise et les enseignements en classe. 

7/ Approfondir le dispositif d’accès à l’apprentissage expérimenté par la région Ile-de- France. Ce dispositif individualise la formation en fonction des tâches accomplies par l’apprenti durant son temps en entreprise. Cette approche proactive a permis en Ile-de-France de réduire le taux de rupture prématurée des contrats de 22% à 5%. Il faut développer ce dispositif à toutes les régions de France pour lutter contre le fléau de la rupture prématurée. 

8/ Régionaliser une partie des apprentissages effectués au sein des formations professionnelles. En fonction du tissu économique, local, un ou deux cours pourront être spécialement dédiés. Cette approche permettra un ancrage concret des apprentissages et une meilleure intégration sur le marché de l’emploi. Cette régionalisation des enseignements doit également s’appliquer aux formations du supérieur pour augmenter l’adéquation entre formation et emploi, au niveau général.
Les solutions de la Fondation Concorde se veulent être une alternative à la mise en place d’une sélection à l’université. Avec ces propositions, la Fondation Concorde désengorge les universités, réduit l’échec en 1ère année de plus de 70% et revalorise à la fois l’enseignement professionnel et la formation universitaire. Mais pour que ce soit efficace, il faut donc engager une réforme globale de notre système éducatif, et ne pas se contenter de réformes cosmétiques sur un seul cycle.

Deuxième partie : Quel financement pour des universités autonomes du XXIème siècle ?

Contexte chiffres clés
Une formation professionnelle opaque
  • -  33 milliards de dépenses publiques chaque année (1,5% du PIB).
  • -  Les établissements d’enseignement supérieurs ne captent que 400 millions des recettes (source rapport Germinet). Le CNAM capte à lui seul 90 millions €.
  • -  Le « marché » de la formation professionnelle en France ne représente que 13 milliards € sur les 33 milliards € de volume d’activité.
  • -  Il y a un problème au niveau de la valorisation de l’heure de formation dispensée par un enseignant chercheur. Suivant les calculs le coût horaire oscille entre 47€ (pour une heure complémentaire) et 417€ (pour une heure pleine de salaire).
  • -  Il existe aujourd’hui près de 10.000 entités de formation en France.
Un financement en baisse
  • -  Le budget de l’enseignement supérieur s’établit à 23,85 milliards € pour l’année 2017.
  • -  La France est lourdement endettée et dispose donc de marges de manœuvre budgétaires limitées (97% de dette, un déficit à 3,4%).
  • -  La dépense moyenne par étudiant a ralenti ces dernières années : elle a augmenté de 27% entre 1980 et 2000, mais n’a progressé que de 10% entre 2000 et 2014 (et a même diminué de 3% entre 2010 et 2014).
  • -  La part de l’Etat dans le financement de l’enseignement supérieur a baissé de 2,4%. Ce désengagement a été compensé par la hausse de la contribution des entreprises aux budgets des universités, cette part évoluant sur la période de 7,8% à 9,6%.
  • -  L’enseignement supérieur représente un investissement lucratif : selon l’OCDE, une dépense d’1€ entraîne une hausse des recettes futures en impôt et cotisations sociales de 3 à 4€.
Une démocratisation de l’enseignement supérieur faite à budget constant
Depuis 2010, le ralentissement de la DIE dépense intérieure d’éducation combinée à l’accélération du nombre d’étudiants a diminué la dépense moyenne par étudiant. Les universités, malgré les 2 programmes d’autonomisation de 2007 et de 2012, sont toujours dépendantes financièrement de l’Etat. 

Elles doivent donc absorber une quantité d’étudiants de plus en plus grandes sans voir leurs dotations grimper. Pire encore, la part de l’Etat dans le financement de l’enseignement supérieur a baissé de 2,4%. Ce désengagement a été compensé par la hausse de la contribution des entreprises aux budgets des universités, cette part évoluant sur la période de 7,8% à 9,6%. Les entreprises en plus de devoir absorber le flux de diplômés, doivent aussi financer leurs formations., sans aucune contrepartie, ou aucun moyen d’agir sur la construction des diplômes.


 
La loi LRU de 2007 (la loi Fioraso de 2012 n’ayant été qu’un continuum de la première) avait pour ambition de donner une pleine autonomie budgétaire aux universités. En ce sens elle a été un échec. Elle prévoyait la création de fondations internes aux universités pour leurs permettre de capter des financements privés afin de compenser le désengagement relatif de l’Etat. 

En parallèle de cela, les méthodes de calcul d’allocation des ressources du ministère vers les universités ont aussi évolué. Le modèle dit « San Remo » en vigueur depuis 1989 s’appliquait à calculer les besoins réels en financement des universités en basant sur une stricte analyse des coûts de fonctionnement et une anticipation des taux d’encadrement. Cette méthode a été remplacée en 2009 par le modèle « Sympa » dont la dotation dépend à 80% de l’activité et à 20% de la performance de l’établissement. C’est ce système, décrié par la CPU (Conférence des Présidents d’Université) qui est selon eux à l’origine du manque de moyens des établissements universitaires. 

Pistes de réflexion
9/ En effectuant une remise à plat totale du système de répartition des dotations aux établissements. Le ministère après un dialogue de gestion avec les universités, fixera une dotation par étudiants selon le bassin d’étude et le grand domaine disciplinaire visé (le « coût » d’un étudiant en droit n’est pas le même qu’un étudiant en biologie). Ce mode de calcul de la dotation ne sera plus annualisé, mais programmé tous les 5 ans au moment de la signature des contrats quinquennaux de formation entre les universités et le ministère. 

10/ En faisant des universités l’acteur majeur de la formation professionnelle. La répartition nationale des établissements et leurs implantations locales leurs permettent d’absorber la demande des entreprises en formation continue. Pour cela, chaque université se constituera un « catalogue » de formations courtes, dispensées selon les besoins des bassins d’emplois. Ces catalogues devront être réalisés par les conseils de perfectionnement, seules instances au sein des facultés regroupant des professionnels et des universitaires. Ces formations devront profiter en priorité aux personnes les moins qualifiées. Le financement de ces formations se fera sur une partie des 33 milliards de budget de la formation professionnelle. Au lieu de cotiser auprès des OPCA, les entreprises cotiseront auprès des universités. Pour laisser la chance aux acteurs privés, les universités auront comme obligation en contrepartie d’externaliser entre 20 et 30% de leur volume de formation vers ces acteurs. 

11/ En développant les Junior entreprises au sein des universités. Prenons l’exemple du numérique. Aujourd’hui 60% des TPE n’ont aucune présence sur internet ou sur les réseaux sociaux. Or dans un environnement dématérialisé, c’est devenu une nécessité pour capter le plus de consommateurs possibles. Les jeunes maîtrisent le numérique de manière presque innée. La création de ces Junior entreprises présente ainsi un triple intérêt : pour les TPE : pouvoir externaliser à bas coûts la création de sites internet auprès des jeunes étudiants ; pour les étudiants : bénéficier à la fois d’une rémunération et d’une expérience professionnelle ; et enfin pour les universités : percevoir une partie des recettes de l’activité pour augmenter leurs budgets. 

12/ En couplant la recherche fondamentale et la recherche appliquée. Chaque faculté dispose souvent de son propre laboratoire de recherche où s’expriment de brillants chercheurs. Il en est de même dans la plupart des entreprises où l’innovation est une condition de compétitivité. Il est donc temps de mutualiser toutes ces compétences en créant des pôles de rapprochement entre universités et entreprises. Les entreprises pourront ainsi accéder à des fonctions de R&D à moindre coûts et les universités seront en position de tirer une « rente » de leurs recherches. 

13/ En développant les Fondations. La LRU donne la possibilité à chaque université de créer sa propre fondation pour lui permettre de capter des fonds privés, qui devaient se substituer au désengagement budgétaire de l’Etat. Or aujourd’hui ses fondations sont très peu développées. En permettant un accompagnement régional de chaque entité, les établissements pourront augmenter leur budget en effectuant des levées de fonds auprès du secteur privé. Ces levées de fonds doivent être accompagnées de la mise en place d’un réseau alumni tirant profit du sentiment d’appartenance des anciens étudiants. 

14/ En Fléchant le budget orientation du MEN vers le budget du MESRI. Depuis 2007, les universités ont une troisième mission statutaire : l’insertion pro. En plus de la recherche et de la formation, elles doivent constituer des BAIP (bureaux d’aides à l’insertion professionnelle), dédiés à remplir cette mission. Les universités constituent donc l’acteur le plus pertinent pour s’occuper de cette mission. 

15/ En entamant une réflexion sur la mise en place de PARC à la française pour développer un financement plus équitable de l’enseignement supérieur. Ce dispositif se fera sur la base d’un remboursement différé d’une part de la DIE de l’ESR, enclenchée à partir d’un certain montant de revenu, sur un horizon temporel moyen.

Troisième partie : Transformer et professionnaliser la pédagogie par le numérique

Contexte chiffres clés
Rapprocher l’entreprise et la formation
  • -  Les formations universitaires, trop tubulaires, ne sont pas assez professionnalisantes.
  • -  Les taux d’insertion pro des diplômés de M2 atteignent 90% au bout de 36 mois, contre 6 mois dans le cadre de l’enseignement privé.
  • -  33% des jeunes et 27% des recruteurs jugent que les formations universitaires sont assez professionnalisantes (étude McKinsey).
  • -  L’approche par compétence n’est pas assez déployée à l’université. Il faut développer un apprentissage des savoirs être et des savoirs faire.
Une pédagogie à revoir
  • -  95% des enseignements sont aujourd’hui unilatéraux et verticaux (le prof dispense son savoir devant un amphi passif).
  • -  La France n’a pas encore su prendre le virage du numérique (MOOC).
  • -  Le score synthétique PISA France a perdu 10 points en 12 ans, les prérequis sont moins présents qu’auparavant.

Pistes de réflexion
16/ Former les enseignants aux TIC afin de développer une culture du numérique chez le corps professoral (E-Cours, évaluations en ligne, MOOC ...). Hybrider la formation initiale des enseignants en s’appuyant sur les outils numériques (ENT, tablettes, visioconférences...). Les enseignants doivent avoir pour rôle d’aider les étudiants à utiliser de manière critique la technologie afin de mieux en comprendre et interpréter les résultats. L’objectif étant d’étayer les apprentissages. Le professeur apportera donc l’exigence de la rigueur du savoir pour faire en sorte que l’étudiant ne se contente pas de la seule information fournie par Internet 

17/ Généraliser l’équipement numérique des universités de sorte à ce que les étudiants puissent travailler dans un environnement informatisé. Cela passe aussi par la mise en place de nouveaux lieux de savoir où le numérique serait intégré aux pratiques d’enseignement. Ces espaces de travail seront structurés avec différentes zones : Zone de recherche et d’accès aux ressources / zone de création pour la réalisation de projets / zone de présentation avec interactivité, audience, etc. / Zone d’échange et de collaboration / zone d’interaction entre enseignant et étudiant / zone de développement personnel (recherches individuelles ...). L’idée est d’envisager des espaces d’apprentissages plus interactifs, mieux connectés où la pensée et le savoir sont moins linéaires et plus visuels, où les jeunes expérimentent plusieurs compétences en même temps, des compétences transversales (réflexives, critiques, en communication, de travail en groupe, d’innovation, de création ...). 

18/ Privilégier une pédagogie horizontale, interactive et dynamique . Elle sera axée, non plus sur la quantité d’informations mais sur les méthodes, les compétences acquises et surtout sur l’étudiant lui-même.
Introduire le numérique ne signifie pas écarter ou encore supprimer le professeur mais bien au contraire le rendre plus utile, mettre fin à la hiérarchie verticale qui a tendance à rendre parfois le professeur inaccessible et de fait superfétatoire. Il faut instaurer une relation plus dynamique et de fait plus interactive (E-Cours, travail en groupe, privilégier le support numérique dans les exposés au détriment du support papier). L’approche pédagogique sera plus centrée sur l’apprenant en le rendant plus actif et responsable. 

19/ Changer les situations de travail et d’évaluation : moins de prises de notes, plus de recherches + Encourager le blended learning : Combiner le travail à distance et le travail en présentiel pour favoriser la participation et l’autonomisation (empowerment). Passer d’une logique d’évaluation écrite de simple restitution de cours à une logique d’évaluation des compétences basées sur la compréhension, la restitution et l’expression orale, et sur la logique de travaux en groupe, pour coller aux attentes du marché du travail. 

20/ Inscrire toutes ces nouvelles compétences des étudiants dans des fiches RNCP, ou des suppléments diplômes (cf. modèle scandinave). Cela apportera une meilleure lisibilité et visibilité des compétences des étudiants auprès des milieux professionnels. Ainsi, on rend facilement exploitable la nouvelle organisation des enseignements et l’approche par compétences. 

21/ Profiter du numérique pour rénover la gestion des effectifs: absorber les sur-effectifs dans l’enseignement supérieur, sans rogner la qualité ou l’accessibilité aux études. A ce titre, la réalisation de travaux dirigés en autonomie de la part des étudiants, le processus de classe inverse ainsi que le développement des MOOC peut permettre aux établissments d’absorber plus d’effectifs sans pour autant nuire à la qualité des enseignements. 

Quatrième partie : Développer une nouvelle gouvernance et une meilleure gestion des ressources humaines

Contexte
  • -  Un établissement ne peut pas aujourd’hui recruter les enseignants de son choix, même s’ils sont issus de leur rang.
  • -  Il n’y a aucune logique nationale dans l’offre de formation, aucune coordination et complémentarité n’est développée.
  • -  Il n’existe pas d’incitations à innover d’un point de vue pédagogique dans la carrière d’un EC.
  • -  Un doctorant souhaitant réaliser une thèse pluridisciplinaire se retrouvera qualifiée que dans une unique section, sur une seule de ses thématiques.

Pistes de réflexion
22/ Repenser la carte nationale des établissements d’enseignements supérieurs. Les regroupements d’universités réalisées suite à la loi Fioraso ont été réalisé de manière arbitraire et dans la précipitation. Dans une logique de réelle stratégie nationale de formation, des priorités doivent être établies en termes de formation et de développement de compétences au niveau national. Les universités auront alors comme mission de décliner cette stratégie, en y incorporant des enseignements et des spécialités locales, qui sont en accord avec leurs tissus socioéconomiques spécifiques. 

23/ Développer les conseils de perfectionnement locaux, en leur donnant un réel rôle décisionnaire. Ces conseils, paritaires, regroupant des étudiants, des représentants des enseignants et quelques représentants professionnels, doivent être généralisés à tous les établissements, en leur donnant un véritable poids décisionnaire dans la création de diplômes et la stratégie d’enseignements, afin de reconstruire des ponts entre les mondes universitaires et professionnels. 

24/ Inciter à l’innovation dans la carrière des enseignants chercheurs. Un enseignant chercheur verra sa carrière progresser grâce à ses publications et travaux de recherche. L’innovation pédagogique, nécessaire à la réussite des étudiants, doit être prise en compte au même titre que ses travaux de recherche dans son avancement de carrière. 

25/Supprimer la qualification pour permettre le recrutement local des universités. Chaque université sera ainsi libre de choisir et de recruter les enseignants de son choix, en accord avec sa stratégie de formation et ses besoins en recherche. 

26/ Transformer le CNU pour laisser une totale liberté pédagogique aux établissements et aux chercheurs. Le Conseil National des Universités et ses 52 sections sont une des principales raisons de l’immobilisme dans notre enseignement supérieur. A titre d’exemple, un doctorant réalisant une thèse pluridisciplinaire (sur l’économie de l’innovation pharmaceutique par exemple) ne pourra se faire qualifier sa thèse que dans une seule section (alors qu’elle couvre au minimum 3 disciplines).
Le CNU est un haut lieu du corporatisme et de l’immobilisme en France, à rebours total des mutations que connaît la société française. C’est ainsi que ces missions doivent être repensées, en le transformant en conseil consultatif sur les questions de formation. Il serait alors adossé au CNESER, dans la même logique que celle de l’articulation CFVU CA au sein des universités.

Cinquième partie : Pour un système d’accréditation et d’évaluation en phase avec les enjeux de l’université du 21eme siècle.

Contexte
Il y a enjeux à faire entrer la démarche qualité dans la culture de nos universités. Les établissements de petits tailles type « école » ont intégré la notion de qualité et d’assurance qualité des formations comme outil de pilotage et de conduite du changement.
Aujourd’hui les universités doivent se soumettre à plusieurs types de procédure d’évaluation ou d’accréditations. Elles ne sont toutefois pas organisées pour y faire face et manque de moyens. Les équipes administratives et les responsables de formations sont écrasés par ces missions pour lesquelles ils ne sont pas formés. La démarche qualité et les accréditation s qui devraient être vues et saisies comme outil de pilotage devient un poids que la communauté veut éliminer au plus vite. Il est nécessaire rationaliser et d’alléger ses procédures pour les établissements.
Les principales procédures sont :
  • -  L’accréditation des formations par le ministère.
  • -  L’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur par le HCERES.
  • -  L’accréditation des formations continue par les OPCA depuis la loi Rebsamen.

Pistes de réflexion
27/ Une réorganisation interne des EPSCP pour faire face aux accréditations et à l’évaluation. Il y a enjeux à créer des cellules qualité avec des ETP dédiés. La qualité et l’accréditation est un métier qui nécessite l’appui de professionnels.
Les nouvelles missions de cette cellule seront les suivantes :
Appuyer les politiques sur la préparation des accréditations de l’offre de formation auprès du ministère.
Effectuer l’évaluation qualité de chacune des formations de l’université avec une procédure d’évaluation externe type HCERES.

Assurer l’accréditation des formations continue mais aussi construire de nouvelle formation et promouvoir celle-ci auprès des OPCA et entreprises. 
 
L’enjeux de cette transformation est double :
Se saisir de l’évaluation qualité comme outil de pilotage et d’amélioration continue des formations. Cela permettra d’apporter une plus-value globale à l’établissement en termes d’image et de qualité du contenu. Cela permettra de préparer efficacement les vagues d’accréditation par le ministère. Cela permettra d’avoir une vision formation par formation de l’état de l’offre.
- Maintenir et développer efficacement l’offre de formation continue. Depuis la loi Rebsamen, les formations continue doivent être accréditées par les OPCA dont elles dépendent. A l’heure actuelle certaines universités ne se sont pas encore réellement saisies de la question. En recrutant des ingénieurs pédagogiques capables de créer et de promouvoir une offre auprès des OPCA, il est possible de positionner les universités sur un marché de 33 milliards d’euro par an. Il y a un enjeu réel à prendre pied sur ce marché. L’idée n’est pas de vendre de l’alternance, ni chercher de la taxe d’apprentissage mais bien de vendre de la formation pour adulte avec pour cible les entreprises. 

28/ Une évolution des politiques publiques en la matière. Pour alléger la pression sur les services et permettre aux universités de se saisir de la démarche qualité et investir dans la formation continue, il faut rationaliser les dispositifs.
Formation initiale. Au niveau de la démarche qualité du HCERES, il y a enjeu à abandonner l’évaluation de la qualité au profit de l’assurance qualité. L’évaluatio n de la qualité serait assurée par les cellules qualité des universités qui doivent s’en saisir comme outil de pilotage sur le modèle d’évaluation externe type Bologne.
  • -  La mission des cellules sera d’accompagner les équipes pédagogiques sur un temps plus long dans la démarche qualité d’auto-évaluation. Elle recrutera un comité d’expert externe dans un fichier national pour venir effectuer l’expertise sur la base d’entretien et du rapport d’autoévaluation de l’équipe du programme. Cela permettra d’assurer que la cellule qualité ne devienne pas un enjeu de pouvoir et de frustration au sein de la communauté universitaire. L’idée étant de faire rentrer la culture qualité dans l’université. La compilation des rapports sera utilisée comme base d’évaluation par le HCERES dans sa démarche d’assurance qualité et par le ministère pour accréditer les formations.
  • -  La mission du HCERES ne serait plus d’aller voir en détail les programmes ou la recherche mais simplement de s’assurer que les processus d’évaluation de la qualité et d’amélioration continue sont formalisé, efficient et s’ancre dans un projet stratégique. L’analyse ne portera plus sur le contenu ou la pertinence du projet d’établissement mais sur l’assurance des procédures permettant sa mise en place efficiente.
    Sous ce format de répartition, la pression des procédures est allégée car redistribuées mais surtout rationalisée. Il n’y a plus qu’un seul dossier qui sort de l’université et qui sert de base au HCERES et au ministère. La procédure d’évaluation et d’accréditation n’étant plus indépendante l’une de l’autre car travaillant sur les mêmes pièces.
Formation Continue. La loi Rebsamen a déjà cadré les choses. Il y a une réforme de la formation continue à mener. Toutefois, concernant les procédures d’accréditation par les OPCA, les règles sont claires, les universités ont enjeux à les assimiler et à prendre pied sur le marché.

Annexe : Maquette type du nouveau système universitaire 9 proposé par la Fondation Concorde
Licence 1 - Semestre 1


 
9 Maquette fictive réalisée à partir des travaux de la fédération ARES sur la mise en place d’un 1ersemestre commun aux études de sciences sociales


Licence 1 - Semestre 2





Licence 2 - Semestre 3




Licence 2 - Semestre 4



 
Licence 3 - Semestre 5



Licence 3 - Semestre 6

 


Etude réalisée sous la direction de Olivier Babeau, Professeur des universités et Vice-Président de la Fondation Concorde
Rapporteurs des travaux :
Erwann Tison | Coordinateur des études de la Fondation Concorde Loris Gaudin
| Expert enseignement supérieur de la Fondation Concorde

 Source

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[Tribune] "Mutuelles étudiantes : mettons fin à un monopole néfaste" par @Loris_GAUDIN pour @LesEchos https://www.lesechos.fr/idees-debats/cercle/cercle-173592-mutuelles-etudiantes-mettons-fin-a-un-monopole-nefaste-2113322.php#xtor=CS1-33 

 

B) La créativité : "la compétence clé des années à venir", Anne Laure Sellier, lauréate du Prix de l'initiative pédagogique 2013

Contrairement aux idées reçues, la créativité n'est pas une qualité innée, mais elle se travaille et se développe à force d'efforts et de pratique régulière. Ce constat issu des recherches en psychologie expérimentale est le point de départ de l'approche développée par Anne Laure Sellier, Professeure associée de Marketing, dans son cours intitulé "Approche de (ce qui tue) la créativité", qui a reçu le Prix de l'initiative pédagogique 2013. Dispensé aux étudiants du programme HEC Entrepreneurs, ce cours vise à encourager la créativité de chaque étudiant à travers une variété d’expériences et d’activités. Le Jury, présidé par Paul Lignières, Managing Partner chez Linklaters, et composé de représentants d'entreprises partenaires de la Fondation HEC, des instances dirigeantes d'HEC et de la Fondation, a récompensé Anne Laure Sellier pour l’originalité de sa méthode pédagogique et la pertinence du thème de la créativité au regard des enjeux actuels de l'entreprise.Dans cette interview elle détaille l'approche "coup de poing" par laquelle elle emmène les étudiants à s'interroger sur eux-mêmes. Enseigner la créativité aux étudiants HEC permet selon elle de leur donner les clés pour savoir rebondir dans un monde complexe et en profonde évolution.

Quels sont les objectifs pédagogiques de votre cours sur la créativité ?

Le cours est bref : 18 heures, structurées en 6 sessions de 3 heures en pleine mission créa pour les Entrepreneurs. Nous ne pouvons donc qu'égratigner le sujet. Dans ce temps imparti, l'objectif du cours est de faire prendre conscience aux étudiants de plusieurs biais cognitifs répandus parmi eux, et relativement compris en psychologie. Ces biais peuvent soit favoriser leur créativité, soit l'étouffer, et les reconnaitre est une force en soi. L'idée est également de fournir des outils afin de contourner ces biais lorsque ceux-ci compromettent des approches créatives d'un problème donné.

Votre projet pédagogique a notamment été récompensé pour votre approche "coup de poing" et vos "exercices de déstabilisation". En quoi cela consiste-t-il ?

Une clarification, avant de répondre : il ne s'agit pas, dans ce cours, de maltraiter les étudiants ou de les pousser trop loin dans leurs retranchements. Mais l'inconfort est certainement une expérience récurrente dans le cours, et c'est la réaction de chacun à ces moments d'inconfort qui est particulièrement révélatrice, et - je l'espère - provoque une réflexion chez chacun des étudiants. 

Cette réflexion, pour porter des fruits, ne peut qu'être individuelle, et se déroule pour l'essentiel en-dehors du cours. Afin de la provoquer, chaque session du cours amène les étudiants à approcher un thème pertinent dans la compréhension de la créativité. Dans un premier temps, nous approchons ce thème de façon "classique," comme cela est fait dans un cours de philo de classe préparatoire. Les étudiants HEC sont comme des poissons dans l'eau à l'intérieur de ce format, et parviennent tout à fait à "faire le tour" d'une question, du moins sur le plan intellectuel. Ce qu'ils n'ont pas l'habitude de faire, c'est de se mettre en situation au sein même de la thématique. 

Une illustration de cette dualité peut être la suivante : si un étudiant HEC peut facilement développer un exposé sur la résistance et la collaboration pendant la Seconde Guerre mondiale en France, et comprendre les facteurs essentiels qui ont amené des Français à choisir l'un ou l'autre camp, savoir ce qu'ils auraient eux-mêmes fait est une toute autre histoire. Dans cet exemple, la plupart anticipent qu'ils auraient été résistants, souvent du fait qu'ils ont le savoir qui leur permet de juger mieux de la situation. Ils confondent donc comprendre intellectuellement et croire / agir en situation. C'est un peu comme le biais énoncé par le philosophe analytique John Austin, "Quand dire, c'est faire" - le fait de mettre des mots, ou un savoir, sur un sujet, crée l'illusion que l'on domine le sujet - c'est comme si l'on y était. 

Dans chaque session, nous atteignons un stade où les étudiants affirment avoir compris le sujet, et se sentent prêts à le confronter dans le réel. C'est alors que vient le "coup de poing", sous la forme d'un ou plusieurs exercices de déstabilisation qui mettent les étudiants en situation. Au cours de ces exercices, la plupart des étudiants réagissent très différemment de ce qu'ils avaient prévu, et c'est cet écart qui constitue le coup de poing, qui va s'exprimer par une forte dissonance cognitive. A la suite de cette expérience souvent inconfortable, nous l'analysons ensemble, et expliquons l'écart constaté entre les attentes des étudiants et leur comportement en situation. Nous évoquons et testons également des outils disponibles pour contrevenir à des réactions dont l'on sait qu'elles étouffent le développement d'idées nouvelles. Chacun en retire des éléments différents, puisque chacun réagit différemment.

La créativité est-elle une compétence clé pour un étudiant en école de commerce ?

Elle est la compétence des années à venir, comme le souligne le rapport IBM 2010, dans lequel 1500 PDG parmi les plus influents dans le monde se sont exprimés. Un étudiant d'école de commerce est à la fois créateur et gestionnaire. Il est voué à façonner le monde de l'entreprise qu'il va rejoindre, et à créer de la valeur sur le marché. 

Nous évoluons dans un monde de plus en plus complexe, ou les avancées technologiques sont tellement rapides qu'aucun d'entre nous - y compris les scientifiques travaillant à la pointe de l'innovation - n'est capable de prévoir précisément à quoi ressemblera notre environnement social d'ici vingt ans. Nous ne savons même pas qui travaillera, s'il y aura du travail pour tous, ou si le monde du travail sera en quelque point comparable à ce qu'il est aujourd'hui. C'est une situation sans précédent dans notre histoire. Le modèle académique que nous suivons encore aujourd'hui nous vient tout droit de la révolution industrielle, pour laquelle il fallait former 80% de manuels et 20% d'"élite", chargée de gérer le processus industriel. Si ce modèle a très bien fonctionné jusqu'à il y a une trentaine d'années, il est aujourd'hui net qu'il est obsolète. Nous ne pouvons plus enseigner "la" façon de faire son travail, et prétendre apporter aux étudiants des solutions toutes faites. Un étudiant HEC d'aujourd'hui changera bien plus souvent de travail, voire d'industrie, qu'un étudiant d'il y a trente ou quarante ans, qui pouvait encore "faire carrière" dans une seule et même entreprise. S'il reste évidemment important que cet étudiant ait des connaissances solides, il devient de plus en plus clé qu'il sache rebondir sur ses pattes. Il nous faut donc continuer à former des "têtes bien faites", tout en s'assurant qu'elles peuvent être défaites et refaites à volonté par leur porteur afin de trouver, à tout moment, non pas la solution, mais une solution viable afin de se maintenir en place au sein de marchés de plus en plus turbulents. Comprendre sa propre façon de penser, afin de pouvoir mieux réagir dans l'urgence et éviter d'"aller dans le mur", est donc essentiel aujourd'hui pour un étudiant d'école de commerce.

 Anne-Laure Sellier

Le Prix de l'initiative pédagogique de la Fondation HEC a été remis à Anne Laure Sellier, Professeur associé de Marketing, pour son cours sur la créativité dont elle présente le contenu et l'objectif dans cette interview. Réuni le 20 juin, dans les locaux parisiens du cabinet Linklaters LPP, le jury a rendu son verdict à l'issue des présentations des trois projets finalistes. Depuis 2008, ce prix de la Fondation HEC récompense la qualité, l’originalité et la pertinence pédagogique des projets développés par les professeurs d’HEC. 




C) Budget 2018 : 700 millions de plus pour l’enseignement supérieur

Le budget du ministère de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'Innovation sera augmenté de 700 millions d'euros en 2018, a annoncé ce jeudi Frédérique Vidal. 
 
« Le gouvernement a choisi d'investir dans l'éducation et de montrer qu'il avait confiance dans sa jeunesse, et choisi d'investir dans l'avenir. Donc le budget de l'Education nationale a augmenté et le budget de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'Innovation augmentera de 700 millions d'euros en 2018 par rapport au budget initial de 2017 », a déclaré la ministre sur France Inter. 

330 millions d'euros annulés cet été

« Le budget 2017 de l'Enseignement supérieur, de la Recherche de l'Innovation avait été augmenté de 750 millions d'euros par rapport à 2016, et il y a eu cet été 330 millions d'euros d'annulation de crédits qui correspondaient à des crédits qui n'avaient pas été affectés. C'est la réalité de l'année 2017 », a admis la ministre, interpellée sur ces annulations annoncées en juillet dans le cadre des  4,5 milliards d'euros d'économies prévues pour contenir le déficit public à 3% du PIB en 2017. 

« Pour 2018, c'est 700 millions d'euros supplémentaires par rapport au budget initial de 2017 avec une construction de budget qui a été faite de la façon la plus sérieuse de manière à ce que le budget soit sincère », a-t-elle ajouté. 
Le budget du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche totalise 23,8 milliards d'euros de crédits de paiement en 2017.


APB : plus de 3.000 bacheliers toujours sans affectation à l'université
Plus de 3.000 bacheliers inscrits sur la plateforme admission post-bac (APB), essentiellement issus de filières techniques et professionnelles, sont toujours sans affectation à l'université, a annoncé Frédérique Vidal, en assurant que tous auront « une proposition ». 
« Sur le dernier pointage, il y a une centaine de bacheliers généraux qui sont toujours à la recherche d'une formation qui leur convienne et toujours 3.000 bacheliers professionnels et techniques », a expliqué la ministre sur France Inter. 
« Les 100 bacheliers généraux, je pense qu'ils trouveront une place, il y a plus de 100.000 places disponibles dans les établissements d'enseignement supérieur. Les 3.000 bacheliers professionnels et techniques, c'est vraiment une préoccupation particulière. On va leur faire des propositions mais on va avoir un problème d'adéquation, une fois de plus, entre ce qu'ils ont envie de faire et les filières dans lesquelles ils vont se retrouver », a-t-elle prévenu. « L'objectif, ce n'est pas de trouver absolument une place à tout le monde, c'est de trouver une place là ou les étudiants peuvent réussir. C'est cet ajustement qui est important », a-t-elle poursuivi. 
« Tout le monde aura une proposition, j'espère qu'ils seront en capacité de l'accepter », a-t-elle conclu.


Et sur Le Monde 
 


D) DAEU : l’autre voie d'accès vers l’enseignement supérieur

Proposé dans la plupart des facs, le DAEU (Diplôme d'accès aux études universitaires) permet à des non-bacheliers de renouer avec les études et de rouvrir le champ des possibles. Explications.

"Au lycée, alors que je préparais un BEP (brevet d'études professionnelles) sanitaire et social, j’ai dû interrompre mes études pour des raisons de santé. Quand mon état s’est arrangé, j’ai finalement décidé de me lancer directement sur le marché du travail. Dans l’ignorance de la jeunesse, je pensais que les diplômes n’étaient pas forcément indispensables", raconte Laureline. Pendant huit ans, la jeune femme a multiplié les missions dans la vente, la restauration ou l’accueil, sans jamais vraiment trouver sa voie. 

À Pôle emploi, pour évoluer, on ne lui proposait que des validations d’acquis en secrétariat, un domaine qui ne lui plaisait pas, ou des formations redondantes avec ce qu’elle savait déjà. Jusqu’à ce qu’elle découvre par le bouche-à-oreille le DAEU (diplôme d’accès aux études universitaires).

"Une toute nouvelle route"

Proposé dans la quasi-totalité des facs de l’Hexagone, ce titre de niveau IV donne les mêmes droits que le baccalauréat. En 2015, Laureline s’est donc inscrite à l’université de Cergy-Pontoise pour le préparer, et le passer avec succès. Aujourd’hui, inscrite en sciences humaines, en deuxième année de licence, elle voit son avenir sous un jour complètement différent. 

"Le DAEU a été la première pierre d’une toute nouvelle route. Une fois que j’ai eu goûté aux études supérieures, il n’était plus question de revenir en arrière. Je n’imaginais pas que je serais passionnée par l’histoire à ce point-là", confie l’étudiante de 30 ans, qui rêve déjà des concours de l’enseignement et d’un doctorat.

Un moyen de reprendre des études…

Comme Laureline, de 5.000 à 6.000 adultes prennent chaque année un nouveau départ grâce au DAEU en France. Grâce à ce sésame, décliné en deux mentions – "littéraire" (DAEU A) et "scientifique" (DAEU B) – certains pourront progresser dans leur entreprise, beaucoup vont reprendre des études en licence, en BTS (brevet de technicien supérieur) ou en DUT (diplôme universitaire de technologie). D’autres encore passeront les concours de la fonction publique ou du secteur paramédical. Des horizons jusque-là hors de portée de ces personnes "qui ont souvent quitté le système scolaire avec un sentiment d’échec très fort", note Gaëtane Popesco, responsable du DAEU de Cergy-Pontoise. 

Parmi ses dernières promotions, 60 % des recrues avaient entre 20 et 25 ans, 30 % entre 25 et 40 ans. Si l’âge minimum d’accès est fixé à 24 ans, le DAEU s’ouvre en effet dès 20 ans aux jeunes affichant deux années d’expérience professionnelle. "La plupart se sont arrêtés au moment du brevet ou en classe de seconde. Soit ils ne se sentaient pas à leur place en lycée professionnel ou en apprentissage, soit ils n’ont pas pu intégrer la filière générale de leur choix", poursuit Gaëtane Popesco.  

… et de retrouver confiance en soi

Face à des histoires personnelles compliquées, les enseignants n’ont qu’un leitmotiv : "leur redonner confiance". Bien sûr, le programme est exigeant, puisqu’il s’agit de "rattraper en un an les trois ans de lycée", comme le souligne Elsa Bonnefoi, responsable du DAEU de l’université d’Angers. Mais "l’état d’esprit n’a rien à voir avec le cadre scolaire, ajoute Gaëtane Popesco. On propose aux élèves un certain nombre de travaux à faire en dehors des cours, mais il n’y a pas d’obligation à rendre ces exercices. Chacun s’organise comme il le peut et les professeurs restent disponibles en cas de besoin". 

Un dialogue qui se met en place avant le début des études proprement dites : "On reçoit tous les élèves en entretien individuel pendant une demi-heure. C’est une étape fondamentale pour comprendre leurs objectifs, leurs besoins et poser les bases d’un accompagnement pertinent", estime Patrick Courtin, coresponsable du DAEU de Paris Ouest-Nanterre.

Des cours à la carte

À partir de ce premier contact, chacun pourra se composer un emploi du temps sur mesure. Dans chaque série, à côté des matières obligatoires – français et langue étrangère en DAEU A, français et maths en DAEU B – il faut en effet choisir deux options : histoire, géographie, deuxième langue, physique, économie ou encore sciences de la vie. Puis les universités favorisent la conciliation entre vie professionnelle et reprise d’études en proposant des cours du soir, ou, parfois des modules en ligne. Certaines, comme Paris Ouest-Nanterre, prévoient en prime des séances de soutien : ateliers d’écriture, de grammaire, etc.

Acquérir des méthodes de travail

Dans tous les cas, l’accent est mis sur la méthode : "Au-delà des connaissances, c’est ce qui fait souvent défaut aux étudiants. Dès les premiers cours, on s’attache donc à voir comment construire une argumentation", précise Patrick Courtin. Dans le DAEU d’Angers est même inclus un gros module de méthodologie pour remettre à plat toutes les questions générales. "On leur présente les outils à leur disposition, sur Internet ou en bibliothèque, on les aide à repérer leur manière de mémoriser des connaissances à travers des exercices, à travailler en groupe ou mettre à profit les corrections d’une copie", détaille Elsa Bonnefoi.

Bref, le DAEU privilégie une certaine souplesse. À noter : les modules sont capitalisables, ce qui permet d’échelonner leur préparation sur quatre ans. Reste à ne pas négliger l’investissement requis. "Chaque semaine, il faut compter une dizaine d’heures de cours et donc autant de révisions personnelles, c’est un sacrifice de temps énorme", rappelle Elsa Bonnefoi. "Avant de s’inscrire, il s’agit d’évaluer les efforts nécessaires et la marge de manœuvre dont on dispose dans son planning. Puis voir quelle est la plus-value du DAEU, renchérit Gaëtane Popesco. Car ceux qui réussissent sont ceux qui y voient un tremplin pour leur projet personnel". La motivation donne des ailes !

Aurélie Djavadi

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